La mendiante et le chevalier
Par Blue Bottle
J’aimerais vous parler aujourd’hui d’un peuple qui m’est cher : Les Roumains. Certains représentants de ce peuple font preuve d’une telle ingéniosité au quotidien pour abuser de la gentillesse que je me sens un peu roumain dans l’âme.
J’étais dans le métro quand une mama roumaine au visage burinée par les années quêtait. Elle traînait la patte à la façon d’un vieux cerf ayant une sauvestre fiché dans l’arrière train. S’appuyant sur sa canne, elle scruta l’auditoire. Son œil expert détecta immédiatement ma Rollex ( un modèle authentique acheté à un vendeur black sur un parking). Mon petit air de catho premier de la classe invitait une fois de plus l’étranger en mal de pitance à venir quémander auprès de moi… Bref je devais suinter le pognon et la connerie à ce moment car elle s’arrêta net à mon niveau et m’interpella d’un français approximatif :
« missieu, rifugié romanie, bisoin d’aide, j’y trouve pas travail tris courageux » en me tendant une main avide de piécettes sonnantes et trébuchantes.
Je lui répondis, affable, « mais bien entendu madame, je vais vous aider, il faut bien donner un coup de main de temps en temps ! Recontactez-moi dès demain ! » en lui tendant ma carte de visite.
La vieille femme un peu étonnée pris la carte de visite puis me remercia d’un large sourire édenté pensant avoir enfin trouvé le pigeon en or… Dans la mythologie roumaine, le pigeon en or est une sorte de Saint Graal, il n’apparaît qu’une fois par siècle selon la croyance populaire locale. L’affaire était dans le sac. En sortant de la rame, la roumaine, naguère clopinante à la limite de la paraplégie, s’offrit même le luxe d’un petit bond pour courir jusqu’au prochain wagon. J’imagine que ma gentillesse avait miraculeusement pansé ses maux.
La petite jeune fille assise en face de moi me fit alors un grand sourire, rassurée. Il existait encore des gens biens dans ce monde de brutes. Si j’en avais eu le temps j’aurais bien fait connaissance pour lui expliquer mes rêves de petite maison dans la prairie, mais une réunion politique m’attendait au bout du chemin. J’avais fait le bien en mettant un peu de bonheur et de chaleur humaine dans les cœurs d’une mendiante et d’une jeune fille en fleur. La vile chenille avait enfin laissé place à un beau papillon : j’étais devenu Michael Knight, un chevalier des temps modernes… Ou pas !
Pour l’épilogue, je dois vous avouer que la carte de visite offerte à la mendiante n’était pas la mienne. Elle appartenait à un connard de client : ce bougre avait eu l’audace de me faire miroiter la voie lactée avant de me proposer un tas de fumier : voilà une offense dûment châtiée.
J’aimerais vous parler aujourd’hui d’un peuple qui m’est cher : Les Roumains. Certains représentants de ce peuple font preuve d’une telle ingéniosité au quotidien pour abuser de la gentillesse que je me sens un peu roumain dans l’âme.
J’étais dans le métro quand une mama roumaine au visage burinée par les années quêtait. Elle traînait la patte à la façon d’un vieux cerf ayant une sauvestre fiché dans l’arrière train. S’appuyant sur sa canne, elle scruta l’auditoire. Son œil expert détecta immédiatement ma Rollex ( un modèle authentique acheté à un vendeur black sur un parking). Mon petit air de catho premier de la classe invitait une fois de plus l’étranger en mal de pitance à venir quémander auprès de moi… Bref je devais suinter le pognon et la connerie à ce moment car elle s’arrêta net à mon niveau et m’interpella d’un français approximatif :
« missieu, rifugié romanie, bisoin d’aide, j’y trouve pas travail tris courageux » en me tendant une main avide de piécettes sonnantes et trébuchantes.
Je lui répondis, affable, « mais bien entendu madame, je vais vous aider, il faut bien donner un coup de main de temps en temps ! Recontactez-moi dès demain ! » en lui tendant ma carte de visite.
La vieille femme un peu étonnée pris la carte de visite puis me remercia d’un large sourire édenté pensant avoir enfin trouvé le pigeon en or… Dans la mythologie roumaine, le pigeon en or est une sorte de Saint Graal, il n’apparaît qu’une fois par siècle selon la croyance populaire locale. L’affaire était dans le sac. En sortant de la rame, la roumaine, naguère clopinante à la limite de la paraplégie, s’offrit même le luxe d’un petit bond pour courir jusqu’au prochain wagon. J’imagine que ma gentillesse avait miraculeusement pansé ses maux.
La petite jeune fille assise en face de moi me fit alors un grand sourire, rassurée. Il existait encore des gens biens dans ce monde de brutes. Si j’en avais eu le temps j’aurais bien fait connaissance pour lui expliquer mes rêves de petite maison dans la prairie, mais une réunion politique m’attendait au bout du chemin. J’avais fait le bien en mettant un peu de bonheur et de chaleur humaine dans les cœurs d’une mendiante et d’une jeune fille en fleur. La vile chenille avait enfin laissé place à un beau papillon : j’étais devenu Michael Knight, un chevalier des temps modernes… Ou pas !
Pour l’épilogue, je dois vous avouer que la carte de visite offerte à la mendiante n’était pas la mienne. Elle appartenait à un connard de client : ce bougre avait eu l’audace de me faire miroiter la voie lactée avant de me proposer un tas de fumier : voilà une offense dûment châtiée.