Les secrets de ma réussite politique
La saison de la politique reprend petit à petit, les réunions se rapprochent, la tension est de plus en plus palpable, les candidats entrent dans les starting bloc.
Faisons un point. Je n’ai aucune chance de percer : Trop d’ordures arrivistes obsédées par le pouvoir. Je ne me fais pas d’illusions, moi, je suis là pour serrer des mains et profiter. Je sais qu’à force, je rencontrerais les futurs maîtres de la France (et bénéficierais de commissions juteuses sur quelques gros contrats.)
Je cible mon approche sur les plus ambitieux/égocentriques. J’aime les flatter, c’est du déjà vu tout le monde le fait, me direz-vous ! Non, je ne vous parle pas de flatteries directes et voyantes, car si certains rustres gaspillent leur salive et en ont la langue bleuie à force de lécher le postérieur des patrons, moi, j’utilise le coup de langue « chirurgical » : discret, précis et efficace.
Un exemple concret : je présente un énième projet de cohésion sociale pour renforcer le dialogue entre les jeunes défavorisés et la société civile, en clair on va mettre une vieille table de ping pong dans les sous sols d’un gymnase pourri. Devant cela, le responsable, heureux devant tant d’innovation valide le projet avant la fin de mon speach, tout en commentant pour bien montrer qu’il en maîtrise les tenants et les aboutissants. Et je m’exclame : « exactement, tu as tout compris en 2 secondes, on comprend pourquoi t’es le chef ! » avec un clin d’œil complice.
Admirez : en une phrases vous lui dites implicitement qu’il est intelligent, qu’il est le chef et que vous ne lui contestez pas cette position. C’est immédiatement la sarabande dans son caleçon, vous l’avez conquis.
Entre deux compliments, je m’occupe tranquillement, je vais aux meetings quand ils ne sont pas trop loin de chez moi. Le secret d’une réunion politique réussie ? Un spécialiste comme moi doit vous répondre le placement dans la salle. Toujours se mettre en pivot à coté du buffet, car non seulement vous vous empiffrez des meilleurs petits fours avec la nonchalance des plus grands, mais en plus vous servez vos camarades. J’ai d’ailleurs une théorie digne des plus grandes universités américaines à ce sujet : en nourrissant vos petits amis, leur cerveau reptilien associe inconsciemment votre visage à un sentiment de plaisir. A chaque fois qu’ils vous verront, leur cerveau secrètera des endorphines. Ils seront content que vous soyez là, du Pavlov tout craché.